Energie & confort Transition énergetique 7ème Congrès national du bâtiment durable – Energie en chantier
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7ème Congrès national du bâtiment durable - Energie en chantier

Retour de choses entendues par Denis Bernadet, animateur scientifique de LEROY MERLIN Source


Reportage

La 7ème édition du Congrès national du bâtiment durable a eu lieu à Lyon en octobre 2018. Il était co-organisé par le cluster Eco-énergies et VAD – Ville et aménagement durable.

L’Ademe a publié pour l’occasion les résultats de sa première enquête Tremi – Travaux de rénovation énergétique des maisons individuelles. Fabrice Boissier, directeur général délégué de l’Ademe, en donne les grandes tendances. Sur la période 2014 – 2016, plus de 5 millions de Français ont mené des travaux de rénovation. Ce qui représente près de 60 milliards d’euros dépensés… mais seulement un quart de ces chantiers aboutissent à une réelle amélioration énergétique. Il estime donc que plusieurs dizaines de milliards d’euros de travaux restent «  à capter pour la rénovation énergétique ».

Par ailleurs, 27 % de ces ménages considèrent que leur rénovation est aboutie. Il y a donc pour l’avenir « un défi pour réussir à mobiliser et accompagner les ménages ». Le thème de la campagne FAIRE – Faciliter, accompagner et informer pour la rénovation énergétique, a été lancée depuis la rentrée 2018. José Caire, directeur Villes et territoires durables à l’Ademe, relève aussi dans l’enquête que « le confort est la motivation première des travaux » des Français, et non l’énergie en tant que telle.

Quelle maîtrise des consommations ?

Quant à la maîtrise des consommations, passe-t-elle par la ville numérique, dite intelligente ? La SPL Lyon Confluence a désormais un peu de recul sur le sujet, sur des immeubles très modernes comme l’ilôt Hikari aussi bien que sur les anciens HBM (habitat bon marché) qui ont été rénovés : peu importe les populations et les âges des occupants, Maxime Valentin (SPL Lyon Confluence) estime à 14 % le nombre d’habitants vraiment intéressés et efficaces dans le pilotage numérique de leurs consommations d’énergie.

En contrepoint, les partisans de la sobriété proposent des alternatives, notamment dans les modes de construction, à travers par exemple le manifeste pour une frugalité heureuse (et créative). Alain Bornarel, ingénieur urbaniste, est l’un de ses co-auteurs, rejoints par 4500 signataires : « il faut changer radicalement les standards architecturaux et techniques. Le toujours plus de technique et de normes a montré ses limites. Mais il existe une autre production qu’on ne voit pas (…). Aujourd’hui  on sait construire sans béton, sans clim, sans VMC, parfois même sans chauffage ». Et l’architecte Yves Perret ajoute qu’ « il faut nourrir un nouvel imaginaire collectif, pas seulement le raisonnement ».

Pour convaincre les particuliers de mener des rénovations ambitieuses sur le plan énergétique, Viviane Hamon, consultante et chercheure, suggère fortement de faire appel au marketing sociétal : « adopter le marketing sociétal, c’est marquer une volonté éthique de contribuer au bien commun, en utilisant des techniques et outils efficaces », autrement dit penser le marché de la rénovation en segmentant et en ciblant des populations, sans renoncer aux ambitions d’intérêt général (égalité de traitement, prise en compte la précarité…).

Les nouveaux modes d’habiter

Sur le thème des nouveaux modes d’habiter, les questions de mutualisation et de partage (local commun, jardins ou terrasses, objets et services…) sont pleinement appropriées par les acteurs de l’habitat participatif et de l’habitat intergénérationnel, et aussi par des acteurs plus traditionnels du marché de l’habitat. Du côté des promoteurs immobiliers, ces propositions sont intégrées dans certaines opérations, ce qui les amènent à repenser leur rôle : pour Sabine Bonnet (Ogic), « dans le parcours clients, il nous faut bien informer sur ces espaces à partager, de la réservation jusqu’à la livraison, et même après ! Nous devons aller au-delà de la remise des clés pour impulser cette convivialité ». Il y a aussi dès leur conception un enjeu de gouvernance de ces espaces pour Serge le Boulch, président de Récipro-Cité : « la définition des usages de ces espaces doit se faire avec ceux qui les utiliseront, et il faut les penser comme évolutifs dans le temps ».

En conclusion, Philippe Pelletier, président du Plan Bâtiment Durable, énonce quatre priorités : le renforcement de la lutte contre la précarité énergétique, un vaste mouvement de travaux pour l’amélioration énergétique des bâtiments éducatifs, un effort plus soutenu pour inciter les propriétaires bailleurs à rénover, et un travail avec les acteurs privés des transactions immobilières pour « clipper transaction et rénovation énergétique ».

Denis Bernadet, octobre 2018

 

 

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