Profession : ergothérapeute
l'ANFE, Association Nationale Française des Ergothérapeutes, partenaire des 4mes Assises de l'habitat Leroy MerlinLes ergothérapeutes sont bien représentés parmi les 45 correspondants Leroy Merlin Source, au sein du groupe Habitat et Autonomie, en lien avec les questions d’adaptation du logement, en rapport avec l’allongement de la durée de la vie et les situations de handicap.
L’ANFE a accepté d’être notre partenaire en 2017 et son président Éric Trouvé participera au grand débat « Habiter, vieillir et être relié » des 4mes Assises de l’habitat Leroy Merlin, le mercredi 21 Juin à 15h30. Il est aussi l’auteur du livre Agir sur l’environnement pour permettre les activités (Editions De Boeck Supérieur, 2016) et revient pour nous sur une profession encore trop méconnue.
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Éric Trouvé, président depuis 2004 de l’ANFE , auteur du livre Agir sur l’environnement pour permettre les activités (Éditions De Boeck Supérieur, 2016), revient sur une profession encore trop méconnue.
« L’ergothérapie a évolué ces dernières années pour devenir un métier en forte croissance qui a étendu ses pratiques. Il y a dix ans, nous intervenions sur la question du retour à domicile des personnes hospitalisées. C’était un travail curatif qui portait sur l’aménagement des domiciles une fois que le problème de santé avait été posé. Aujourd’hui, avec les nombreux dispositifs permettant d’aider les personnes à demeurer chez elles malgré leur grand âge ou leur handicap, les praticiens sont sortis des établissements hospitaliers et entrés dans le champ de la prévention », explique Éric Trouvé, citant le diagnostic « Bien chez moi » des caisses de retraite Agirc et Arrco, la loi Adaptation de la société au vieillissement entrée en vigueur en janvier 2016, les Paerpa, parcours de santé des aînés déployés depuis 2014 sur des territoires pilotes, les financements de l’Anah, etc. « C’est enthousiasmant pour les ergothérapeutes, car pour être vraiment efficaces nos pratiques se conçoivent en dehors des contextes institutionnels : c’est en milieu ordinaire que l’ergothérapie prend tout son
sens et dans la prévention, avant que les problèmes n’interviennent. »
Que fait un ergothérapeute ? Il analyse les façons de vivre des personnes dans leur environnement avec, en point de mire, les activités qu’elles ont à mener au quotidien, par obligation ou par choix, des plus basiques aux plus complexes et sporadiques : déplacements, toilette, entretien du linge et de la maison, jardinage, bricolage, loisirs, etc. « Tout ce qui construit notre quotidien, fait de nous des êtres socialisés et contribue à notre bien-être et notre qualité de vie. » L’environnement étant le support de ces activités, il peut être facilitateur ou obstacle, voire délétère pour la santé.
C’est ici qu’intervient l’expertise de l’ergothérapeute. Il interroge les personnes sur leurs habitudes de vie, dans leur environnement, écoute leurs difficultés, parfois conscientes ou dont elles ont fini par s’accommoder, leurs motivations, même cachées. Il note ce que les personnes n’arrivent pas à faire, ce qu’elles mettent mal en oeuvre ou avec des risques pour leur santé. « Nous avons des outils d’analyse, des techniques d’entretien et de mise en situation qui nous permettent de poser un diagnostic et de fournir des préconisations. »
Ce savoir-faire, validé par un diplôme d’État obligatoire pour exercer, est acquis lors d’une formation de grade licence, dans 24 instituts spécialisés gérés par des centres hospitaliers, des universités ou des associations. On y entre de différentes façons : après un concours, une première année commune aux études de santé (Paces), une 1e année universitaire validée en Sciences de la vie et de la terre ou en Sciences et techniques des activités physiques et sportives. Les études durent trois ans, « mais il est probable que cette durée passe dans un futur proche à quatre ans, comme pour les kinésithérapeutes », précise Éric Trouvé.
Le président de l’ANFE, à quarante ans passés, dirige depuis une dizaine d’années des centres de formation, après avoir exercé son métier dans ses jeunes années. La majorité de ses confrères ont entre 25 et 39 ans. Cette jeune profession à bien des titres trouve son origine au début du XXe siècle en Amérique du Nord, où les psychiatres commencèrent à utiliser l’activité comme thérapie. Elle s’est développée ensuite en France dans les années cinquante, en premier lieu auprès du grand handicap. Elle est en plein essor aujourd’hui : 10 417 ergothérapeutes étaient diplômés au 1er janvier 2016, dont 87 % de femmes : ils (elles) étaient moins de 4 500 en 2001.
Christel Leca
Agir sur l’environnement pour permettre les activités coordonné par Éric Trouvé avec la collaboration de 45 auteurs internationaux.
ANFE/De Boeck Supérieur, octobre 2016, 643 pages.
« J’ai pensé et voulu ce livre pour les professionnels, d’abord les ergothérapeutes, mais aussi celles et ceux qui s’intéressent à la manière dont nous pouvons travailler et agir sur la question de l’environnement. Le crédo des ergothérapeutes est de ne pas prendre l’environnement pour l’environnement, mais replacer cette question en lien avec les activités humaines : un lien fondamental qu’il faut expliquer. Aujourd’hui, nos interlocuteurs et ceux, encore nombreux, qui connaissent mal la profession, nous voient comme des aménageurs. L’État ou les collectivités apportent des aides techniques pour que nous aménagions les logements, les postes de travail, scolaires ou autres. Nous faisons beaucoup plus que cela : nous agissons entre autres sur l’environnement pour permettre des activités dont nous faisons un diagnostic basé sur le dialogue avec les bénéficiaires et l’observation de leurs habitudes de vie. Ce livre est ma pierre à l’édifice pour mieux expliquer cette nuance. Je l’ai construit comme une ressource pour les professionnels et les étudiants, en rassemblant le plus d’experts possible sur de nombreux sujets. »
L’ouvrage de plus de 600 pages aborde les différentes dimensions de l’environnement afin de faciliter la compréhension de ses interactions avec les hommes et leurs activités. Il présente ensuite les modifications de l’environnement et la préconisation des technologies d’assistance. Il pose également les fondements de la pratique ergothérapique ainsi que le contexte dans lequel évoluent les personnes et les ergothérapeutes aujourd’hui. Il s’achève sur des exemples précis d’interventions ergothérapiques.
En savoir plus : www.anfe.fr
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